- Daniel. Je dois le voir.
- Vous êtes ?
- Pas du genre très patient.
J’observe impassiblement ces deux yeux marron qui se plantent dans les miens et me dévisagent avec agacement. Sa bouche se froisse dans une contorsion sévère alors que j’entends clairement ce sifflement de soupire irrité qui filtre ses minces lèvres grimer rose bonbon. Du coin de l’oeil, je remarque ses longs doigts quittés délicatement les touches du clavier pour venir se déposées contre la surface du comptoir. Elle se brise pratiquement la nuque pour me toisé avec mésentente, faisant pianoter ses faux ongles en un timbre lent, répétitif et saccader sur le meuble de verre. De mon côté, aussi expressif qu’un mort, je l’observe posément avant de mettre mes deux mains à plat sur chaque extrémité du comptoir et de me cintrer dessus, légèrement. Dans le mouvement, j’aurais presque parier la voir se raidir en s'enfouissant avec effarement dans le creux de son siège. Maintenant au niveau de la réceptionniste, mes prunelles s’assombrissent placidement, devenant que de profonds abysses alors que mon regard plonge dans ces yeux mi-troubler et mi-carnassier qui me fixent.
Et voilà que de longues minutes s’écoulent dans un délai fort interminable. Cette confrontation de regard défiant, en attendant simplement que l’autre flanche et divulgue ce que l’un veut entendre est complètement inutile !
Une quiétude pas certainement chaleureuse se recèle entre moi et elle. Dans ce long silence embarrassant, la fausse blonde/platine, qui est caché derrière le comptoir, me parait de plus en plus nerveuse et inconfortable. Ses grands yeux de biche glissent furtivement sur la gauche, où est posté un portier de mine pas tout à fait sympathique. Diable ! Il lui en faut pas gros à Barbie pour se sentir menacer !
- Pour la santé du gars que tu observes, je te demande de ne pas réclamer son aide. Il ne te sera d’aucune utilité, prévenais-je en un susurrement grave, réfléchi et ferme. Apparemment, j’ai vu juste car, tout en sursautant violement sur elle-même, elle me regarde avec candeur et me rétorque d’une voix fluette: Dites, est-ce des menaces ?
Duh ! Non, je disais ça que pour le fun.
- Tu vas me dire où se trouve Daniel ou pas ?
- En premier lieu, dites-moi votre nom.
- Surtout pas.
- Alors…Pas de réponse.
- Je t’emmerde ! Si tu prendrais deux secondes pour regarder dans le registre, tu…
- Monsieur Tyson est avec moi, Nadia. Merci. Annonce une voix immuable, calme et courtoise derrière une porte entrebâiller où un crâne dégarni fait son apparition.
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